Quand Frédéric Albert et sa famille découvrent peu après sa mort en 2018 que l’ami de la famille depuis presque 40 ans, Paul Pradier, était un redoutable agent de la « Gestapo » (en fait la Sipo-SD) en Dordogne pendant la dernière guerre c’est un véritable choc.

Frédéric a donc souhaité comprendre et raconter cette histoire peu banale en enquêtant sur cet ami que lui et sa famille pensaient pourtant bien connaître.

Le contact passant très bien dès nos premiers échanges, c’est donc naturellement que je lui ai proposé de l’accueillir en Dordogne afin de se rendre sur les traces de Paul Pradier : d’abord à Montagrier, coquet petit village de son enfance dans le Périgord Blanc, puis à Périgueux où il vivait et sévissait quotidiennement (rafles, distribution de faux tracts pour piéger des résistants etc.) ainsi que dans différents lieux du département, où il opérait régulièrement avec les troupes allemandes dont les tristement célèbres unités qu’étaient la division SS Das Reich, la 11e division blindée de la Wehrmacht (Division « fantôme ») et la Brigade Nord-Africaine commandée par l’ancien capitaine de l’équipe de France de Football Alexandre Villaplane.

Paul Pradier, en participant activement aux atrocités contre les civils et en luttant impitoyablement contre la Résistance, est à l’origine de la mort d’un grand nombre de personnes en Dordogne, alors que lui même y échappe à plusieurs reprises pendant et après la guerre. Il était certainement le dernier agent de la « Gestapo » en France.

Son parcours pose la question du choix de l’engagement le plus ultime dans la Collaboration avec l’occupant, mais aussi de la réinsertion dans la société d’un homme apprécié de tous à partir de sa libération de prison en 1955, alors qu’il a commis les pires excès en 1944.

Frédéric Albert nous livre ici une enquête passionnante, à l’écriture limpide, sans voyeurisme ni concession sur « l’ami de la famille ».